LES BALDOUS
La famille BALDOUS est une vieille famille de Mostuéjouls.
Elle y existe depuis quatre siècles et on la retrouve dès les premières pages des premiers registres paroissiaux. On peut ensuite en suivre la généalogie sans interruption jusqu’à nos jours, ce qui est rare.
Les BALDOUS n’étaient pas à vrai dire des agriculteurs. Ils ont fait partie très tôt, dès le début du 18ème siècle, de ces gens qui avaient appris à lire et à écrire. A l’époque, à Mostuéjouls, ils n’étaient pas nombreux. Quelques hommes dont on retrouve la signature maladroite au bas des registres paroissiaux, comme témoins de mariage, de décès ou comme parrains de baptême. Mais jamais aucune femme.
Les BALDOUS qui n’avaient pas beaucoup de terres à cultiver ont choisi de faire de la lecture et de l’écriture, un métier. Ils sont devenus Instituteurs et, avant l’heure, secrétaires de Mairie. Ils ont tenu les registres de l’État Civil de Mostuéjouls pendant plus d’un demi-siècle, de la Révolution française jusqu’au milieu du 19ème siècle.
Trois BALDOUS se sont succédé à ce poste. Tout d’abord Jean BALDOUS en 1793, puis son fils Alexis (le premier à porter ce prénom) puis le fils de ce dernier Laurent BALDOUS qui fut une figure locale. Le frère de Laurent, François-Alexis BALDOUS fut à la même époque et pendant 20 ans, Instituteur à La Cresse. Ces trois derniers BALDOUS sont connus comme étant les 3 Poètes occitans de la région (cf la conférence de Jean-Jacques GUERS à la Mairie de Mostuéjouls le 24 juin 1995).
Ces quelques lignes sont le prélude à la généalogie qui va suivre. En voici le sommaire.
Généalogie
Généalogie des BALDOUS partie 1.pdf
Le Patronyme BALDOUS
Le Tronc Commun au 17ème siècle: les BALDOUS à Mostuéjouls
Le Tronc Commun au 18ème siècle: à Mostuéjouls les BALDOUS, à Lioucous les CHALES
Jean BALDOUS et Marie CHALES
Généalogie des BALDOUS partie 2.pdf
La Branche Aînée des deux Branches Familiales (19ème et 20ème siècle)
Alexis Baldous et Marie-Jeanne Carrière
Laurent, Rose, François-Alexis et Appollonie
Anatole Baldous et ses Frères
Anatole Baldous et Palmyre Privat
Alexis Baldous et Marthe le Bonniec
Généalogie des BALDOUS partie 3.pdf
La Branche Cadette des deux Branches Familiales (19ème et 20ème siècle)
Jean-François Baldous et Marie-Rose Lutran
Les Branches n° 4, 5, 6 et 8
Conclusion
Généalogie des BALDOUS partie 4.pdf
Les Baldous de Gabriac
Généalogie des BALDOUS partie 5 Annexes.pdf
Arbre Généalogique des BALDOUS partie 6.pdf
Erreurs ou omissions
Une généalogie qui couvre quatre siècles expose inévitablement à des erreurs ou à des omissions. On les découvre au hasard de certaines recherches, recherches qui ouvrent parfois la porte à d’étonnantes découvertes.
Joséphine Baldous
Le premier exemple concerne la famille de Jean-Pierre Baldous et de son épouse Magdeleine Paul. Ce couple a eu six enfants. Une lecture rapide de l’arbre généalogique laissait entendre que tous ces enfants étaient morts en bas âge. C’était une erreur. Une de leurs filles, Joséphine, née en 1846, a survécu, et l’on retrouve la date de son mariage à Montpellier le 10 octobre 1873, à l’âge de 27 ans. Elle épouse Jean Antoine Trinquier, âgé de 50 ans, veuf, exerçant le métier de menuisier. Mais le 18 mai 1884 Jean Antoine Trinquier décède à Montpellier à l’âge de 61 ans. Joséphine reste veuve. Elle a 38 ans. Quatre ans plus tard, elle se remarie le 30 octobre 1888 à Montpellier avec Antoine Bayle, cultivateur, dont c’est le premier mariage. Autrefois désignée comme lisseuse de linge autant dire repasseuse, elle est déclarée sur ce nouvel acte de mariage comme journalière. Cette précision semble indiquer que la mort de son premier mari l’a laissée dans une grande précarité. En effet journalière est un emploi qui est au bas de l’échelle du monde rural. A la fois domestique et valet de ferme, c’est dans cet emploi qu’elle a rencontré son second mari. Elle a 42 ans. Il en a 60. L’avenir, comme on va le voir, ne va malheureusement pas améliorer sa condition sociale. Loin de là.
Trois ans après son second mariage, Joséphine reste veuve à nouveau. Son mari Antoine Bayle décède le 10 octobre 1891 à Lodève à l’âge de 63 ans. De cultivateur, il est inscrit à l’état civil comme chiffonnier. Mais le pire est à venir. Joséphine meurt sept mois plus tard le 05 mai 1892 à Saint-Privat près de Lodève. L’acte de décès la désigne comme « Mendiante ». Elle a 45 ans. Comment est-elle morte ? Si l’on se réfère à son acte de décès, l’un des deux déclarants semble dire qu’elle est morte dans sa maison à quelques kilomètres de Lodève. Elle est morte certainement à bout de forces, de faim, de soif, de froid, de misère, de solitude, peut-être d’alcoolisme ou de tuberculose, ou d’autre chose encore, d’une maladie infectieuse par exemple. Comment savoir ? Elle est morte seule, sans enfant, sans famille et sans ses parents. Son père Jean-Pierre Baldous décède le mois suivant le 26 juin 1892, à l’Asile des petites soeurs des pauvres à Montpellier à l’âge de 79 ans. Sa mère décèdera 4 ans plus tard à l’Hôpital général de Montpellier à l’âge de 76 ans. Et c’est ainsi que se termine l’histoire de Joséphine Baldous et de cette branche familiale.
Il était déjà difficile d’apprendre que son père Jean-Pierre était « homme de peine ». Elle devient pour nous la « Mendiante » de notre famille. Si j’osais, je dirais qu’elle est morte au champ d’honneur et d’horreur de la « Pauvreté », dans le courage et dans la souffrance. De son histoire dramatique, il faut retenir qu’on ne doit jamais oublier d’où l’on vient et que l’on doit faire l’effort de penser à ce qu’ont vécu nos anciens. De près ou de loin, leur sacrifice a contribué à notre bien-être d’aujourd’hui. De ce fait, Joséphine Baldous aura toujours une place particulière dans notre généalogie.

Rose Adélaïde Constance
En généalogie, les oubliées, ce sont évidemment les femmes, les épouses, les mères. Elles sont présentes, mais si discrètes qu’elles sont presque transparentes. Elles n’ont aucun signalement hormis leur trace à l’État-Civil pour leur naissance, leur mariage, leur décès. Jusqu’au milieu du 19ème siècle, elles ne savent ni lire ni écrire. « L’intéressée requise de signer dit ne savoir ». La formule est ancienne mais toujours de rigueur. Vers la fin 19ème siècle, il arrive de repérer sur certains actes, leur signature maladroite, en lettres majuscules et avec des fautes d’orthographe. Elles n’ont pas de profession véritable, mais elles sont indispensables à la vie quotidienne, à la vie domestique, à la vie tout court, à la survie du patronyme. Courageusement, elles font des enfants, un tous les 18 mois en moyenne, avec une régularité de métronome, bien souvent au péril de leur vie. Certaines meurent jeunes, en couches car l’accouchement est une étape indécise et souvent périlleuse. D’autres meurent plus tardivement, épuisées par des grossesses multiples.
Non content de mettre des enfants au monde, elles les perdent les uns après les autres, à leur naissance ou un peu après. La mortalité infantile loin de décourager les couples, les incite à poursuivre dans l’espoir que l’un ou l’autre y échappera. C’est donc une suite lugubre de joies et de souffrances. Telle était le plus souvent la vie des femmes et des hommes de jadis. Une vie courte émaillée d’épreuves et peut-être aussi de moments de joies et de bonheur, du moins on l’espère pour eux. À l’appui de cette description, les exemples ne manquent pas dans notre généalogie. Telle la vie de Jean-Pierre Baldous, de son épouse, de leurs cinq enfants morts en bas âge et leur fille Joséphine, unique survivante dont nous avons raconté le destin et la mort tragique à 45 ans.
L’histoire qui va suivre est celle de Rose Adélaïde Constance Baldous. Elle est la sœur de Jean-Pierre et la tante de Joséphine qu’elle n’a jamais vue. Elle est née à Mostuéjouls le 19 Février 1807. Elle porte trois beaux prénoms sans que l’on sache lequel est son prénom usuel. Rose le plus facile, Adélaïde qui figure seul sur son acte de décès, ou Constance plus rare, peut-être le prénom de sa marraine?
Elle est la fille de Jean-François Baldous et de Marie-Rose Lutran. Deux enfants sont nés de ce couple avant elle, Auguste (1803-1806) et Rosalie (1805- 1805). Elle est donc la troisième de la fratrie mais elle aura la place et un rôle d’aînée pour les sept frères et sœur qui vont suivre. En voici la liste : Louis né en 1808, Jean Auguste en 1810, Jean-Pierre en 1813, Jean en 1816, Jean-Baptiste en 1819, Sophie en 1822 qui meurt la même année et enfin Laurent en 1824. Cette liste est parlante, car si Rose Adélaïde Constance a un an de différence avec Louis, son second frère, les écarts se creusent au fil des naissances, et elle a finalement 17 ans d’écart avec Laurent le dernier né de la famille. Dès lors, il est facile de deviner qu’elle a apporté très tôt, dès son enfance et son adolescence, une contribution précieuse à la vie de ses parents et de sa maman en particulier qui enchaînait les maternités.
Physiquement, nous ne savons rien d’elle. Était-elle grande ou petite ? blonde ou brune ? Aimait-elle rire ou chanter ? Son oncle Alexis et ses cousins poètes occitans, ont écrit beaucoup d’odes et de poèmes en patois et en français mais ils n’ont jamais eu l’idée de décrire les membres de leur famille. Cela ne se faisait pas et c’est dommage. Il faudra attendre un demi-siècle pour que la photographie y remédie. Sœur aînée, elle a donc pris une part importante aux tâches domestiques du foyer. Elle a aidé ses frères à grandir, à faire leur toilette, à s’habiller, à manger, à se distraire. Ils sont devenus des hommes et l’on se demande comment le couple de leurs parents a pu parvenir à les nourrir alors qu’ils avaient si peu de terres, et à les loger tous dans cette pauvre maison qui est devenue un jour l’Agence postale du village et dont on pense qu’ils y habitaient. Elle a donc accompagné ses frères jusqu’à leur majorité et il est arrivé alors ce qu’il devait arriver. Ils sont partis. Sauf l’aîné Louis, qui est resté au village, les quatre frères prénommés Jean sont partis à Montpellier où ils se sont mariés. Ils ont vécu cette grande vague d’émigration qui a frappé l’Aveyron au 19ème siècle. Ils ont quitté leur pays, leurs racines sans jamais y revenir. Ils ont quitté leurs parents sans jamais les revoir.
Mais ici commence une autre histoire.
À cette époque vivait à Mostuéjouls un menuisier du nom de Sauveur Maruéjouls. Il était marié avec Catherine Baudounet dont il a eu sept enfants. Quatre sont morts en bas âge, mais en 1834, son épouse elle-même meurt à l’âge de 49 ans. Il reste veuf avec trois enfants à charge. L’aîné Victor a cependant atteint sa majorité. Il a 22 ans. Les deux plus jeunes, Simon et Marie-Clotilde ont respectivement 13 et 12 ans.
Moins d’un an après le décès de son épouse, Sauveur Maruéjouls se remarie. Il épouse le 16 Mars 1835 Rose Adélaïde Constance Baldous. Il a 48 ans. Elle en a 28. Ce mariage peut surprendre, mais après la part active qu’elle avait prise auprès de ses parents et de ses frères, comment ne pas comprendre son désir de vouloir fonder un foyer. Pour une jeune femme de condition modeste, très modeste même, trouver un mari de son âge était certainement improbable dans un pays déserté massivement par sa jeunesse. Son choix s’est porté sur Sauveur Maruéjouls. Il avait 20 ans de plus qu’elle. Ce n’était pas un obstacle. Ils devaient se connaître de longue date à travers des relations de voisinage et d’amitié ancienne avec lui et avec sa femme peut être. Elle quitte donc le domicile de ses parents pour celui de son mari, dont nous sommes bien incapables aujourd’hui de localiser son emplacement dans le village.
Quatre enfants vont naître de leur union. Louis d’abord qui naît en 1836 et qui meurt deux ans plus tard. Puis Rose Eulalie qui naît en 1839. Puis Louis Alexis qui naît en 1841 et qui meurt l’année suivante. Enfin Sauveur Frézal qui naît en 1845. Malheureusement, cette naissance marque le début d’un terrible drame. Au fil des semaines et des mois qui suivent, la santé de Rose Adélaïde Constance se dégrade progressivement et inéluctablement. Elle meurt le 31 Juillet 1846 à l’âge de 39 ans. Rien ne permet de faire un diagnostic précis sur la cause de sa mort. Les hypothèses ne manquent pas et peut-être qu’un geste simple aurait pu la sauver. Comment le savoir ? À son tour, le petit Sauveur Frézal meurt le 25 Août 1846, quelques semaines après sa mère.
Le second enfant du couple, Rose Eulalie survit à tous ces événements. Elle est confiée à la garde de son père, ou de ses grands-parents. Elle va mourir en 1853 à l’âge de 14 ans.
Il est difficile d’aller plus loin dans l’horreur et dans le malheur. Certains se demanderont. Était-il nécessaire de raconter cette histoire ? Il est vrai que le passé nous dérange. Il nous fait entrer dans un monde, pas si lointain, qui était dur et proprement inimaginable pour nous aujourd’hui. Un monde où l’espérance de vie était courte, autour de 40 ans, où la mort faisait partie du quotidien d’une famille ou d’un village. Un monde sans vaccin, sans antibiotiques, sans aucun médicament de confort, sans service d’Urgences, sans « soignants ». On n’en finirait pas de faire l’inventaire de tout ce qui n’existait pas et dont nous profitons chaque jour, de tous les progrès techniques de la Médecine, de la Chirurgie, entre autres. Nos ancêtres n’avaient rien, absolument rien. Ils n’avaient rien que leur résignation et leur courage. Peut-être n’est-il pas inutile de le rappeler dans un moment où un virus de passage (et sans doute y en aura-t-il d’autres) plonge le pays et la planète entière dans un désarroi total, médical, psychologique, social, économique et humain. Nous qui étions habitués à tout avoir et même le superflu, voilà que nous n’avions pas de « masques » … ! le drame ! ou plutôt le psychodrame de ces dernières semaines … Le problème, c’est que nous n’avons plus de références. Nous les avons perdues, oubliées. De ce fait, notre seule consolation est de nous plaindre continuellement de notre présent. L’histoire de Rose Adélaïde Constance est là pour nous rappeler notre passé et encore une fois le courage de ceux qui l’ont vécu, et dont nous devrions nous rappeler que nous en sommes les héritiers.
Dois-je rappeler en terminant que Rose Adélaïde Constance, ses parents, ses enfants, et tous les Baldous qui, avant et après elle, sont morts à Mostuéjouls, ont été enterrés dans le cimetière qui entoure la chapelle romane de Notre-Dame des Champs. Ils sont tous là mais leur tombe à disparu.
Mostuéjouls, le 31 Juillet 2020


De Mostuéjouls à Romans-sur-Isère…
Jean Baldous
La seconde enquête a permis de faire une découverte encore plus étonnante. Un retour en arrière s’impose. Nous sommes au début du 19ème siècle. À Mostuéjouls, Jean-François Baldous (frère d’Alexis 1er) et son épouse Marie-Rose Lutran ont eu une nombreuse famille. Dix enfants dont il reste cinq fils. L’aîné, Louis restera à Mostuéjouls. Les quatre autres, tous prénommés Jean (Jean-François Auguste, Jean-Pierre, Jean et Jean-Baptiste) quittent le pays pour Montpellier. Les actes de l’état civil ont permis pour tous de suivre leur parcours et d’identifier leur descendance. Pour tous, sauf pour l’un d’entre eux, celui qui s’appelle uniquement Jean.
Jean est né à Mostuéjouls le 15 juillet 1816. A l’âge de 30 ans, il rencontre à Montpellier, Marie-Joséphine Ageron. Elle a 20 ans. Elle est originaire de Romans-sur-Isère, dans la Drôme où ils se marient le 06 janvier 1846. Puis ils reviennent à Montpellier où Marie-Joséphine accouche pile 9 mois plus tard, le 09 octobre 1847 de leur premier enfant Rosalie. Après cette naissance, ils disparaissent de notre généalogie.
Faut-il le rappeler, cette généalogie familiale a été pour son auteur Henri Baldous et son épouse Andrée, un véritable travail de fourmi. Ils ont sillonné le pays et passé des après-midis à éplucher des registres paroissiaux et municipaux des mairies de la région. De Montpellier d’abord, de l’Hérault, de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Mais en dépit de leurs recherches, Jean Baldous restait introuvable. En réalité et on pouvait le deviner, Jean avait quitté Montpellier et ses frères. Il était parti dans la Drôme avec sa femme et sa fille, à Romans-sur-Isère, le pays natal de son épouse, où grâce à internet, nous les avons retrouvés.
Il est vrai que sur l’arbre généalogique des Baldous qui déployait son magnifique ramage, la lignée de Jean, de Marie-Joséphine et de leur fille Rosalie, ressemblait à une branche morte. En réalité, à Romans-sur-Isère, la vie s’ouvrait devant eux. Mais qu’en savons-nous vraiment ? Peu de choses sinon qu’elle a dû être assez rude comme pour tous les Baldous de cette époque. Jean Baldous était « tailleur d’habits ». Sa belle-famille travaillait dans le monde de la chaussure qui est la spécialité de Romans. Leur famille va s’agrandir d’une seconde fille le 09 juin 1851, prénommée Marie-Joséphine comme sa mère. Il faudra attendre ensuite quelques années avant que naissent un premier fils prénommé Jean-Joseph Baldous qui meurt le 26 septembre 1861 à 9 mois, puis un second fils Louis Baldous né le 17 février 1864 qui va décéder 32 mois plus tard, malheureusement pour eux et pour le patronyme. Ensuite, leurs deux filles grandissent. L’aînée Rosalie se marie à l’âge de 16 ans, le 10 octobre 1863 avec Régis Barbe, chapelier, âgé de 21 ans. Pas de trace de descendance dans les registres consultés. La seconde fille Marie-Joséphine se marie le 24 mai 1871 à l’âge de 20 ans avec Joseph Pipet, corroyeur, âgé de 35 ans. Ils auront neuf enfants. Nous y reviendrons.
Jean Baldous quant à lui, décède à l’Hospice de Romans le 12 décembre 1876, à l’âge de 60 ans. Sa veuve va se remarier tardivement et mourir 18 mois après ce deuxième mariage le 09 juillet 1892 à l’âge de 65 ans au domicile de son gendre, le mari de Rosalie.
Marie-Joséphine Baldous
Quatre ans après sa soeur Rosalie, Marie-Joséphine Baldous naît à Romans-sur-Isère le 09 juin 1851. Elle est la seconde fille de Jean Baldous, elle porte le même prénom que sa mère. Comme nous l’avons dit, elle se marie à l’âge de 20 ans, le 24 mai 1871 avec Joseph Pipet, corrayeur, âgé de 35 ans. Ils vont avoir neuf enfants : Joseph, Édouard, Maria, Marie, Alphonse, Claire, Louis-Marius, Ernest et Germaine. Il est difficile sinon impossible, d’entrer dans le détail de la vie de chacun d’eux. Trois sont décédés en bas âge, Joseph à deux mois, Alphonse à 3 ans et demi et Claire à 16 mois.
Des six enfants survivants, l’un deux vaudra, hélas, à sa mère d’avoir une place d’honneur particulière dans notre famille. Son plus jeune fils, Ernest, né le 31 août 1891, incorporé au 14ème bataillon de chasseurs à pied en qualité de soldat de 2ème classe va être tué dans les Vosges au tout début de la guerre de 14. Sa mort est intervenue au cours d’un épisode injustement méconnu de la Grande Guerre où les chasseurs à pied se sont sacrifiés aux prix de combats acharnés et héroïques, souvent au corps à corps, pour défendre la ville de Saint-Dié et barrer la route de la Marne aux allemands. Ernest Pipet est mort le 29 août 1914 à Nompatelize dans l’ambulance, des suites de ses blessures. Il avait 23 ans. Mort pour la France, il a été inhumé dans la nécropole nationale « Les Tiges » de Saint-Dié dans une tombe individuelle, carré B, numéro 768. Il est inscrit sur la plaque commémorative des Morts pour la France de l’Hôtel de Ville de Romans-sur-Isère et sur le livre d’or de la ville. Sa mère, Marie-Joséphine Baldous a assumé seule le poids de ce drame car son mari Joseph Pipet était décédé bien avant la Déclaration de la Guerre de 14, sept ans plus tôt, le 22 décembre 1907 à l’âge de 71 ans.
Cet évènement tragique vient terminer ce chapitre sur la famille de Jean Baldous et sur la lignée de Romans-sur-Isère. Marie-Joséphine est décédée le 26 janvier 1918 à l’âge de 66 ans. Elle n’a donc rien su de la fin de la guerre de 14. Elle avait connu le pire. La suite lui importait peu sans doute. Sa sœur Rosalie, veuve de Régis Barbe est décédée un an plus tard le 02 janvier 1919 à l’âge de 72 ans. Sur les registres de la Mairie, Marie-Joséphine et sa sœur Rosalie, ainsi que leur mari Joseph Pipet et Régis Barbe ont été enterrés à Romans-sur-Isère. Ce document comporte une colonne intitulée « observations » qui précise, pour chacun d’eux leur inhumation à la « Fosse commune ». On a même ajouté pour Rosalie la mention « Indigente » pour ne pas dire « pauvre » qui donne à penser que les frais d’inhumation ont dû être pris en charge par la ville. Ces précisions viennent encore ajouter au caractère triste et bouleversant de cette famille.
La reconstitution de ces branches familiales est le fruit du travail patient et méticuleux de ma fille Anne que je remercie du fond du cœur. Sans elle, ces deux branches familiales seraient restées bien injustement dans l’oubli.
Mostuéjouls, le 15 août 2019
De Jean Baldous à Ernest Pipet son petit-fils mort pour la France


Les Chasseurs à pied, leur béret sur la tête, sans casque, sans aucune protection, à l’assaut baïonnette au canon, totalement à découvert … Une photo saisissante prise le 1er septembre 1914 à Nompatelize à la mort d’Ernest. Des garçons, pour ne pas dire des enfants, dans la fougue de la jeunesse, comme des écoliers, ou presque, courant vers la mort. L’horreur.
Maria
Maria Pipet est née à Romans-sur-Isère le 08 mars 1876. Elle est la fille de Marie-Joséphine Baldous et de Joseph Pipet. Elle est ouvrière d’usine. Enceinte de bonne heure, elle accouche à l’âge de 17 ans, le 13 décembre 1893, d’une fille prénommée Émilie-Blanche. Par une curieuse coïncidence Maria accouche à Romans en même temps que sa mère âgée de 41 ans qui a mis au monde 3 jours plus tôt une fille, Germaine-Élisabeth. La tante et la nièce auront ainsi 3 jours d’écart.
Six mois après la naissance d’Émilie-Blanche, Maria se marie le 06 juin 1894 avec Ernest Paire, horloger, âgé de 22 ans. Sur l’acte de mariage, les époux déclarent qu’Émilie-Blanche née de leur union naturelle est reconnue légitimée, de sorte que ce mariage apparaît en fait comme un acte de régularisation. L’enfant prend désormais le nom d’Émilie-Blanche Paire. A noter que Maria avait donné à sa fille le prénom d’Émilie qui était celui de la défunte mère d’Ernest Paire. Elle aura une seconde fille Ernestine, Maria Paire née le 26 mai 1896 à Romans.
Le temps passe, Émilie se marie à Lyon le 1er avril 1919 avec François Alexis Galien dont elle aura un fils, Jean, et une descendance. Elle décède à Lyon le 02 mars 1947 à l’âge de 54 ans. Sa soeur, Ernestine, décède à Lyon en 1954 à l’âge de 58 ans. Maria quant à elle meurt à Romans en 1960 à l’âge de 84 ans après avoir perdu son mari et ses deux filles.
Ce paragraphe prend place dans notre généalogie après un contact éphémère avec la famille Galien.
Alexis Baldous
