La Visite Guidée

Alexis avec Jean-Paul à la visite guidée le 25 août 2016, à la Placette
Depuis deux ans, pendant l’été et chaque semaine, est programmée une visite guidée du village de Mostuéjouls. Elle a été fixée le jeudi matin vers 11 heures. Elle dure une heure et demie. Le guide en est Jean-Paul Garlenq.
Si j’en parle, c’est que je l’ai suivie le jeudi matin 25 août 2016 avec un groupe de 48 touristes. Des visiteurs de tous âges, de 7 à 77 ans comme dit la chanson, des retraités, des jeunes couples avec leurs enfants, venant surtout des campings des bords du Tarn, des gîtes et des villages environnants, des étrangers même (une Anglaise faisait partie du groupe).
Le point de rencontre et de départ se situe au Colombier et la visite commence par un mot d’accueil et de bienvenue. Et tout de suite s’installe un climat de cordialité et d’attention. Les gens manifestement sont venus pour écouter et pour voir. Et nous voilà partis à travers les rues du village, vers des lieux méconnus ou oubliés, vers des lieux que nous connaissons par cœur mais que nous ne regardons plus, vers des endroits nouveaux, fraîchement restaurés et dont l’architecture nous émerveille. Mais les gens qui montent à Mostuéjouls à pied et sous un soleil de plomb, savent bien qu’ils ne viennent visiter ni Versailles, ni le Mont Saint-Michel. Ils viennent s’imprégner de l’architecture et de l’histoire d’un pays qu’ils ne connaissent pas et où ils sont venus passer quelques jours. Et c’est le grand mérite de notre guide de raconter à tous ces visiteurs attentifs d’où vient ce village, comment il s’est construit, comment y ont vécu les habitants à travers les siècles. Jean-Paul le fait avec une profonde connaissance de ce pays où il est né, et avec une évidente empathie. Il le fait gracieusement et je dois avouer que cette visite a été pour moi une redécouverte et un très heureux moment.
Créer une visite guidée dans un village est toujours un défi. Il faut convaincre ceux qui pensent que c’est inutile, qu’à Mostuejouls, il n’y a rien à voir et que cela n’intéressera personne. Or il y a eu cet été, plus de 300 personnes à suivre cette visite guidée. C’est un succès. Et je ne compte pas l’Exposition de Saint-Pierre (Notre Dame des Champs), autre succès mérité.
Ces dernières années, le tourisme a évolué. Il y a les nombreux adeptes de la mer qui vont à la plage se bronzer pendant que les enfants font des châteaux de sable et se baignent. C’est un tourisme qui a ses bons côtés et ses avantages. Et puis, il y a ceux qui viennent nous voir, qui aiment la France de l’intérieur, la campagne, les randonnées, les vieux villages. Beaucoup a été fait pour les accueillir dans les campings et dans les gîtes, pour leur confort et leur loisir. Mais il ne faut pas oublier de satisfaire leur curiosité intellectuelle et culturelle. La visite guidée en fait partie. Sur le plan touristique, c’est donc dans l’intérêt de tous qu’il faut promouvoir et encourager ce type d’initiative.
Le Château ne fait pas partie pour le moment du circuit. Il est redevenu une propriété privée, ce qu’il était d’ailleurs autrefois. Mais il est dépositaire d’une partie de l’histoire et du patrimoine culturel de Mostuéjouls. Peut-être qu’un jour, il s’en souviendra.
Nos Églises


L’église Saint-Sauveur de Liaucous
En septembre dernier, est paru dans l’hebdomadaire le Pèlerin, un dossier très documenté mais quelque peu inquiétant sur les menaces qui pèsent sur nos églises rurales. Quelle est la situation ?
Depuis les lois de séparation de l’Église et de l’État qui datent du début du XXème siècle, les églises sont devenues propriété de l’État, à charge pour lui de les entretenir. Ce patrimoine religieux est considérable, plus de 100 000 bâtiments, plus de 200 Cathédrales et Basiliques, des dizaines d’églises paroissiales et de chapelles, sans compter les Temple Protestants, les Synagogues et les Mosquées. Ce trésor inestimable représente en réalité une charge financière aux dimensions abyssales. Au moment des arbitrages, on comprend que les choix de financement se portent sur les bâtiments ayant une réelle valeur architecturale ; Que deviennent les autres ?
Depuis quelques années, on assiste à la vente ou à la démolition d’églises dans les villes et les campagnes. Églises dont l’entretien a été trop longtemps négligé et dont certaines menacent ruine. Après leur vente, certaines sont transformées en logements, en hôtels, en restaurants, en gymnases ou en discothèques. Ce phénomène touche la France mais aussi nos pays voisins : la Belgique, la Hollande et l’Angleterre. Les gens en sont choqués.
Mais la réalité est là. Les campagnes se vident, la fréquentation des églises est en baisse, le clergé vieillissant se raréfie et est confronté à des charges pastorales démesurées (un prêtre souvent âgé pour dix paroisses en moyenne). Le patrimoine n’est donc plus pour le clergé sa préoccupation principale. Les Maires et les Conseils Municipaux à qui revient désormais la charge de gérer ce patrimoine, ont aussi d’autres priorités et d’autres urgences, les bâtiments publics, les mairies, les écoles, les routes … Il y a donc bien une menace pour nos églises.
Pour l’instant, notre vallée semble y échapper. Et à cet égard, le cas de Mostuéjouls est singulier et exemplaire. Il y a en France 60 000 églises pour 36 000 communes, soit une moyenne approximative de deux églises par commune. Mostuéjouls en compte quatre : l’église paroissiale Saint-Pierre en haut du village, Notre-Dame des Champs au niveau du cimetière, Saint-Sauveur à Liaucous et enfin le Prieuré Saint-Marcellin. C’est beaucoup et c’est à l’honneur de la commune, de son Maire et du Conseil Municipal d’y faire face. Ils peuvent compter sur le soutien de la population certes, mais aussi sur l’appui et le dynamisme de l’association de défense du patrimoine de la commune de Mostuéjouls qui compte une centaine d’adhérents et qui est très active. Cette association collecte des dons, en assure une gestion rigoureuse et participe au financement des travaux.
Le sondage effectué par le Pèlerin fait apparaître que 67% des personnes interrogées souhaitent que l’on préserve nos églises, mais 57% acceptent désormais que les églises désaffectées soient utilisées à d’autres activités. On peut évidemment se féliciter que Notre-Dame des Champs et Saint-Sauveur aient échappées à la ruine, et la restauration de ces deux purs diamants de l’art Roman représente un authentique exploit à l’échelle d’une commune rurale. Mais ensuite il faut en assurer l’entretien. Il faut, lorsqu’elles ne sont plus affectées au culte, que ces églises vivent à travers des manifestations culturelles, des concerts, des visites ou des expositions. Les Santons et les crèches en sont un exemple entre autres. C’est donc l’affaire de tous, croyants ou non, dans le respect de ces chefs d’œuvre de l’art religieux dont nous ne devons pas oublier qu’ils ont été construits par nos ancêtres, ouvriers et maçons au talent artistique sans égal. Sachons nous en souvenir.
Comment clore cet article sans évoquer le château de Mostuéjouls. Depuis l’incendie qui l’avait en partie ravagé, son état d’abandon pouvait faire craindre le pire ; Le pire étant que le village de Mostuéjouls soit un jour surmonté d’une gigantesque ruine. Heureusement ce n’est pas le cas. Saison après saison, le château renaît et retrouve sa silhouette rassurante. C’est un véritable défi qui mérite que les porteurs de cet ambitieux projet soient assurés de nos sincères encouragements.
Pour ne pas paraître trop chauvin, pourquoi ne pas dire que si la restauration de la magnifique église Romane du Rozier avait en son temps, attiré notre attention et notre admiration, la résurrection quasi miraculeuse de l’église de Pinet sur les bords du Tarn est en quelques sorte pour toute la Vallée en cette fin d’année 2007 un véritable cadeau de Noël.

La Chapelle Notre Dame des Champs de Mostuéjouls
Les Monuments aux Morts

Mostuéjouls

Liaucous
Les Monuments aux Morts de Mostuéjouls ont une histoire. D’abord une histoire collective, celle de tous les Monuments aux Morts érigés après la guerre de 1914.
La guerre de 1914-1918, encore appelée « La Grande Guerre » a fait un nombre considérable de victimes. Pour la France seule, près d’un million et demi de morts et près d’un million et demi de blessés sous toutes les formes possibles, amputés, gazés, aveugles, mutilés à vie. 750 000 veuves environ, et autant d’orphelins sinon plus. Dans leur globalité ces chiffres sont impressionnants et horribles. Dans le détail, ils ne le sont pas moins. Pendant les quatre années de la durée de la guerre, la France a perdu en moyenne 1 000 morts par jour, et autant de blessés. On peine à l’imaginer et à le croire. Aucune région de France n’a été épargnée. La guerre avait besoin d’hommes. On les a recrutés partout, et de ce fait aucune ville, aucun village n’a échappé à cette hécatombe. Dans la moindre commune rurale, il est habituel de dénombrer de dix à quarante morts.
Presque toutes les familles françaises ont perdu un des leurs, un mari, un père, un fils, un frère, un neveu, un cousin, parfois plusieurs membres de la même famille. On pourrait dire que la France entière était en deuil et n’avait jamais subi une saignée d’une telle ampleur. Pour ne parler que de la France…
Tous ces drames ont soulevé un élan de reconnaissance sans précédent. Partout a été ressentie la nécessité d’élever un monument à la gloire et à la mémoire de tous ces hommes. Dès 1920, des décisions ont été officiellement prises. Les monuments, un par village, devaient évoquer le courage des soldats, leur sacrifice, le chagrin des mères et des épouses. Ils devaient aussi représenter les symboles habituels de la France, entre autres, le drapeau tricolore, le coq gaulois, … etc. Mais il était exclu de faire apparaître des symboles religieux. A cet égard, les Monuments aux Morts de Mostuéjouls semblent bien avoir fait exception à cette règle et c’est ce qui les singularise.

À Mostuéjouls, existait sur la place de l’église une Croix de Mission du 19ème siècle, haute et implantée sur un socle en maçonnerie et en pierre. Cette Croix est devenue tout simplement le Monument aux Morts du village. Trois éléments y ont été ajoutés. Une Pietà, au pied de la croix, représentant la Vierge Marie, recevant sur ses genoux le corps sans vie de son Fils, sa main droite et son visage tournés vers le ciel. A sa gauche, on note la présence d’une urne contenant sans doute les onguents destinés à embaumer le défunt. En façade, sur le socle en maçonnerie a été scellée une plaque de marbre très ouvragée où sont gravés les noms des soldats disparus. Deux plaques seront ultérieurement ajoutées pour les soldats morts pendant la guerre de 1939-1945 et pendant la guerre d’Algérie. Enfin, une grille de fer a été ajoutée autour du monument pour le sécuriser.
Cette description montre bien que ce Monument aux Morts ne répond pas aux critères officiels de 1920. On l’aurait imaginé sans emblème religieux avec une Pietà profane, la France recueillant sur ses genoux un soldat mort ou à l’agonie. Or, l’édifice est une Croix monumentale et a tous les caractères d’un monument chrétien. Pourquoi ce choix ? Sans doute pour plusieurs raisons : d’abord des raisons financières et d’économie. Pourquoi construire un deuxième monument quand il en existait déjà un sur la place du village. Une place bien située capable de réunir la population pour des cérémonies du Souvenir. Seconde hypothèse. Peut-être y a-t-il eu un accord entre la Mairie et l’Eglise, les deux parties acceptant le principe d’un monument à la fois civil et religieux. Mais il ne pourrait s’agir que d’un accord tacite, car il n’en existe aucune trace. Les registres municipaux ne mentionnent rien et les registres paroissiaux de cette période ont disparu, selon l’enquête effectuée par M. R. Andrieu aux archives de l’Evêché de Rodez.
Le Monument aux Morts de Liaucous est beaucoup plus modeste, et très beau dans sa simplicité. Sur une très belle roche grossièrement arrondie a été enchâssée une plaque de marbre blanc où sont gravés les noms des soldats de Liaucous morts pour la France. Le monument est adossé au mur d’enceinte du Cimetière. Il est entouré d’une chaîne sur trois côtés. Sa description est simple : Dans sa partie supérieure une Croix latine. Au-dessous, deux drapeaux en berne, inclinés l’un vers la droite, l’autre vers la gauche. Un bandeau où est écrit : « Aux enfants de la Paroisse victimes de la guerre 14-18 ». Puis la liste des soldats disparus, sur deux colonnes et en bas les trois lettres majuscules R.I.P. Comme on le voit, les emblèmes religieux sont présents mais pas très nombreux : la Croix latine, la référence à la Paroisse qui ne fait pas partie du vocabulaire laïc, enfin les trois lettres R.I.P. de la fin du Requiem qui signifient comme chacun sait : « Qu’ils reposent en paix ».
La description de ces deux monuments étant faite, rappelons que bien avant la guerre de 1914, la France avait traversé une sombre période d’affrontements religieux. Dans les tranchées et sur le champ de bataille, les combattants de tous bords eurent le temps de se connaître, de s’estimer et d’apprécier mutuellement leur courage. Ceci explique un certain climat de détente et de tolérance après la guerre. On estime en effet que près des 2/3 des 40 000 Monuments aux Morts portent des emblèmes religieux et notamment une Croix. A Mostuéjouls et à Liaucous se trouvent à l’évidence deux Monuments à connotation religieuse qui portent plus ou moins ostensiblement des symboles catholiques. Comme cela a été décrit, ces monuments se trouvent dans des villes ou dans des villages où les municipalités n’ont pas tenu compte des décisions officielles. Cela s’est produit le plus souvent dans des régions très pratiquantes. A l’époque, le Rouergue en faisait partie.
Les cérémonies du Souvenir ont lieu deux fois par an. Tous les 11 Novembre depuis bientôt 100 ans, pour célébrer la fin de la guerre de 1914-1918. Une seconde cérémonie a lieu le 8 Mai pour marquer la victoire de 1945.
Pendant la dernière guerre, la cérémonie du 11 Novembre se déroulait dans un climat d’émotion et de tristesse facile à imaginer. Le rituel était à peu près le même qu’aujourd’hui : le dépôt d’une gerbe confectionnée avec des fleurs de jardin, la lecture d’un message du gouvernement de Vichy, l’Appel aux Morts. Pour chacun d’eux, les participants à la cérémonie répondaient à l’unisson : « Mort pour la France ». Puis une minute de recueillement dans un véritable silence de plomb, au souvenir des absents, soit retenus par les Allemands en zone occupée au Nord de la Loire, soit surtout Prisonniers de guerre en captivité en Allemagne pour une durée indéfinie … 5 ans, 10 ans, ou plus. Qui aurait pu le dire ? Pas de drapeau tricolore, il était interdit. Pas de Marseillaise, elle aussi interdite. À la place, l’hymne au Maréchal … Je me souviens que parmi les participants il se trouvait toujours quelqu’un pour prendre l’initiative d’une prière. Tout simplement : « Le Notre Père » et le « Je vous salue Marie », prière qui était reprise à voix haute par toute l’assistance. Je n’ai jamais su qui donnait le signal de ces prières mais je me souviens que c’était une voix de femme pleine de conviction et d’autorité. La cérémonie terminée, chacun regagnait son domicile le cœur lourd, en se demandant combien de temps la guerre allait encore durer.
Si j’évoque ces souvenirs d’enfance, c’est pour rendre hommage d’une certaine façon aux Monuments aux Morts de Mostuéjouls. Ils sont un héritage de nos Anciens qui les ont voulus comme ils sont. Dans une commune qui compte des dizaines de Croix, une Croix de plus au niveau du Monument aux Morts ne leur posait pas de problème. Ces monuments ont en vérité une histoire qui leur fait honneur. Dans les heures d’épreuves, ils ont rassemblé la population pour lui redonner courage et espoir. Ce sont des lieux de rendez-vous irremplaçables, car au-delà des symboles, les gens qui participent de près ou de loin aux cérémonies du Souvenir savent qu’ils viennent d’abord et avant tout pour honorer des hommes jeunes qui ont donné leur vie et grâce à qui nous connaissons depuis tant d’années une ère de Paix. Mais la Paix est fragile. Tous les jours, elle est menacée et les Monuments aux Morts sont là pour nous le rappeler.
Pour le centenaire du 11 Novembre 1918


A nos Morts …
et à la mémoire de Gérard CASTAN
Vue du ciel, la Terre apparaît comme une planète bleue. Mais vue du sol, n’est-t-elle pas plutôt une planète rouge du sang de toutes ces guerres dont elle est en permanence le théâtre. L’Histoire de France, à elle seule, nous en donne une macabre litanie : après les invasions barbares, les guerres de Succession, la guerre de Cent ans, les guerres de Religion et le massacre de la Saint Barthélémy, la Révolution avec sa sinistre guillotine et la furie sanglante de la Terreur, les guerres napoléoniennes, et plus près de nous les guerres mondiales de 1914 et de 1940 avec leurs dizaines de millions de morts ; Les guerres de colonisation et de décolonisation (l’Indochine et l’Algérie)… Et la liste n’en finit pas de s’allonger de nos jours, avec des guerres aux formes nouvelles qui nous confirment que la barbarie des hommes n’a pas de limites : le Bataclan, Nice et Barcelone en sont les plus cruelles et plus récentes manifestations.
La Terre connaîtra-elle un jour la paix ? Non, malheureusement. Et les monuments aux morts ne sont pas prêts de disparaître, pour les soldats et maintenant pour les civils. Triste bilan en ce jour de commémoration.
Sur les monuments aux morts de Liaucous et de Mostuéjouls, la liste de nos héros morts pour la France est longue. Mais avec le temps, leur souvenir s’efface de notre mémoire. Aujourd’hui, nous pourrions peut-être les réunir tous, dans le souvenir du dernier de la liste et du plus jeune : Gérard Castan.
Tu avais, Gérard, une nature gaie, et on te voyait toujours sourire. Tu étais jeune et tu avais, comme on dit, l’avenir devant toi. Tu es parti confiant en Algérie, pensant déjà à ton retour et à la joie de revoir tes parents, tes frère et sœur, tes amis, ta maison de Rustès, le Tarn et Mostuéjouls, ton village. Malheureusement, le sort en a décidé autrement. Tes parents n’ont pas connu le bonheur de te revoir et d’aller t’accueillir à ta descente du train. Tu fais partie de ces 30 000 jeunes appelés qui ne sont pas revenus d’Algérie.
Tu es mort pour la France. Mourir pour la France à Verdun ou à Monte Cassino, on peut le comprendre, à défaut de l’admettre. Mais mourir pour la France à Mostaganem, était-ce vraiment indispensable ? Toi, dont la vie aurait été si précieuse ici. Malgré le temps qui passe et qui nous éloigne de ce drame, nous nous devons de saluer ton courage, de respecter ton sacrifice et surtout de conserver ton souvenir pour que tu continues de vivre parmi nous.
Le 11 Novembre 2017, Alexis Baldous

Gérard CASTAN
Commémoration du Centenaire du 11 Novembre 1918
Pour le centenaire de l’Armistice du 11 Novembre 1918 qui a marqué la fin de la guerre de 14, a été organisée cet été à Notre Dame des Champs à Mostuéjouls, une exposition sur » Les poilus de l’Aveyron ». Exposition qui a connu un grand succès et dont le mérite revient à Tony Bedel, Président de l’ADPCM et qui en a été le maître d’oeuvre. Rétrospective d’une guerre abominable par des photos et par des panneaux très documentés sur les événements collectifs et individuels de ces terribles années. Un de ces panneaux était consacré à l’Armée d’Orient. Y figurait un article sur notre père, Alexis Baldous, officier du 4ème RIC, régiment où combattit également un compatriote de Liaucous, Joseph Barre. Ce dernier est décédé à Monastir. Il est enterré dans le cimetière militaire français comme en témoigne la photo de sa tombe.


Le Presbytère
Le Presbytère de Mostuéjouls a disparu. Le comble c’est qu’il a disparu au moment où il venait de renaître. Une trentaine d’années après le départ de son dernier occupant, il était tombé dans un grand état d’abandon. Il vient d’être restauré magnifiquement, aussi bien les extérieurs que l’intérieur dans une belle harmonie de style ancien et moderne. Désormais c’est un gîte dédié à la location saisonnière.
Fallait-il pour autant le débaptiser ? Il y a dans les villes et les villages des édifices qui portent un nom propre : l’Eglise, la Mairie, l’Ecole, le Château, le Presbytère. Leur nom est lié à leur fonction et à leur histoire.
Pendant des siècles, le Presbytère de Mostuéjouls a servi de domicile au curé de la Paroisse. Mais pendant des siècles, il a fait office de Mairie car les Communes et les Mairies n’existent que depuis deux cents ans, comme chacun sait. C’est donc au Presbytère de Mostuéjouls qu’ont été consignés jour après jour et pendant des siècles tous les événements et tous les faits de la vie courante de notre village, les naissances, les mariages, les décès avec des détails et des précisions incroyables. Ils ont été collectés dans d’épais registres paroissiaux. Ils ont été écrits à la plume d’oie par de modestes prêtres dans ce Presbytère même, qui est donc, bien avant la Mairie, le haut lieu de notre mémoire.
En voici un exemple : à la date du 13 octobre 1690, a été effectué le recensement de la population de Mostuéjouls. Au Presbytère, a été rédigé par Joseph Bourel, recteur de la Paroisse, la liste des 97 familles de Mostuéjouls, avec le nom des 445 habitants, leur prénom, leur âge, leur profession, leur sexe : 96 hommes, 106 femmes. Les prénoms et l’âge de leurs enfants :136 garçons, 107 filles. C’est un document exceptionnel qui permettrait à beaucoup de familles de Mostuéjouls de retrouver leurs racines et leurs ancêtres.
Sans ces documents et sans le Presbytère, nous ne saurions rien de notre passé lointain. On peut toujours dire en haussant les épaules, que tout cela, c’est le passé. Mais que serions-nous sans lui ? Le Presbytère de Mostuéjouls a disparu. Son nom n’était plus au goût du jour. Il est devenu un gîte, et pour ce gîte, on a préféré un autre patronyme plus neutre, plus commercial et plus local. L’Oustal est à la mode et est un mot passe-partout. Mais si l’on voulait faire régional, il faut tout de même savoir qu’en occitan, le Presbytère porte un nom. Ce nom est « la Caminada », la Caminade ou la Cheminade en français. C’est un nom dont la racine est le chemin par référence aux « cheminots » et aux Pèlerins qui jadis – au temps où les routes n’étaient pas sûres – n’avaient où passer la nuit, et venaient chercher refuge au Presbytère. Joli nom, en définitive pour les touristes qui font du chemin pour venir visiter le pays. En tout cas, si l’on ne voulait plus du Presbytère, on pouvait lui donner au moins son nom occitan.
L’adage dit : « La critique est aisée … ». Non. La critique n’est pas toujours facile et j’ai beaucoup attendu et hésité avant d’écrire ce texte car je ne veux blesser personne. Mais personnellement, et comme beaucoup, j’ai été blessé et choqué que l’on débaptise le Presbytère de Mostuéjouls. En faisant cela, on l’a rayé du vocabulaire des gens du pays, or il appartenait à notre patrimoine et l’ADPCM en son temps aurait dû se lever pour le défendre. C’est un lieu de mémoire et une mine de souvenirs inestimables. Par égard pour ses mérites, on aurait dû le respecter or il a été malheureusement victime de l’oubli et d’une forme d’ignorance. C’est très regrettable. Un autre adage dit : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Alors attendons et espérons.
À Mostuéjouls, le 1er Septembre 2016
Supplique à Notre Dame de Liaucous

La porte étant ouverte, j’ai eu cet été le plaisir et la chance de pouvoir pénétrer dans l’Église Saint-Sauveur de Liaucous. Cela devient rare car par sécurité, les églises sont bien souvent fermées de nos jours et combien de fois on le regrette. C’était ouvert et il faut l’avouer, Saint-Sauveur est une perle de l’art roman. Elle est belle par ses limites, par ses proportions, par sa hauteur, par ses voûtes qui s’entrecroisent, par son crépi lumineux, par son jubé. Elle a en plus quelque chose d’accueillant et d’intime. On s’y sent bien, on se sent chez soi. C’est une pure merveille.
Et puis tout d’un coup dans ce cadre d’une extrême beauté, on découvre la présence au dessus de l’autel, d’un lustre à pampilles de style Napoléon III ou de la fin du 19ème siècle, assez ressemblant à un lustre de salle à manger. Quel dommage ! Ce serait un don d’une famille. Il n’y a rien à dire à cela sauf que les donateurs devraient savoir que les dons en nature vieillissent et en général vieillissent mal. C’est si vrai que dans un placard ouvert de l’église sont entassés des objets anciens qui ornaient autrefois l’autel et qui n’y ont plus leur place.
Pour l’éclairage, on a recours aujourd’hui à des éclairages indirects qui mettent en valeur les voûtes et à des spots lumineux qui remplacent la lustrerie de jadis. C’est ainsi, et dans un si bel édifice ce serait un choix souhaitable.
Je le sais, le patrimoine est un sujet sensible, mais désormais il appartient à tout le monde. Chacun a le droit à la parole et il vaut mieux quelquefois s’exprimer que de vivre dans l’hypocrisie. La Madone de Liaucous si belle dans son drapé polychrome nous aidera certainement à réparer cet anachronisme et à trouver une solution moderne en harmonie avec le style de cette magnifique église.
Ce 15 août 2018
Les Croix de Mostuéjouls
Sur le périmètre du seul village de Mostuéjouls, on compte une quinzaine de croix, sans compter celles qui ont disparu ou que je n’ai pas trouvées. C’est beaucoup pour un village modeste. On avait déjà noté la présence de quatre édifices religieux, l’église de Mostuéjouls, la chapelle Saint-Pierre, l’église Saint-Sauveur de Liaucous, et la chapelle de Saint-Marcellin. Quatre églises pour une commune rurale, c’est le double de la moyenne nationale.
Quinze croix pour un village, c’est également un chiffre important qui plaide en faveur de racines chrétiennes profondes. Pourtant dans ce domaine, rien ne semble distinguer ce village des autres paroisses de la Vallée. Aussi loin que l’on remonte dans le passé, rien n’indique que Mostuéjouls était un lieu de pèlerinage ou de dévotion particulière. C’était une paroisse normale, avec ses Messes du Dimanche, ses célébrations d’exception comme les Communions Solennelles, ou pour certaines grandes fêtes, les processions autour du village avec les reposoirs. Mais finalement, rien de plus que dans les autres paroisses. Comment et quand sont apparues toutes ces croix ? Elles semblent dater du 19ème siècle, peut-être de plus loin pour certaines. Elles pourraient résulter de la volonté pour certaines familles de marquer leur attachement à la foi catholique ou seraient des ex-voto édifiés en témoignage de gratitude… Nous n’avons pas de renseignements précis à leur sujet et il est difficile d’en dire plus. Ce qui est certain, c’est que toutes ces croix sont là, aux quatre coins du village, ou en bordure de champ ou de route et l’on peut supposer que, comme ailleurs, leur emplacement avait un sens et n’était pas le fruit du hasard.
Les plus monumentales sont les croix de pierre, assez hautes, taillées et parfois sculptées de sujets naïfs sur leur façade. On peut en citer deux, la croix du Thérondel et la croix située dans le virage des Terres rouges sur la route du Massegros. Une troisième plus courte et plus massive, aux formes arrondies est perchée en haut et à l’angle d’un mur, à l’entrée du village. C’est une croix tout à fait singulière qui rentre dans la variété des croix latines « à bras mobile », le croisillon horizontal étant dissociable du fût vertical.
Les plus fréquentes sont les croix dites des Templiers (est-ce vraiment leur nom ?). Elles sont en fer, plates, assez stylisées avec, à l’extrémité de chaque branche soit une fleur de lys, soit une lance. Sur la branche supérieure est scellé le bandeau INRI (Jésus de Nazareth, roi des Juifs), inscription le plus souvent effacée. Au milieu, on retrouve les deux symboles habituels, d’un côté l’éponge au bout de la branche d’hysope, de l’autre, la lance qui avait servi à percer le flanc du Crucifié. Ces croix sont parfois enchâssées dans le mur des maisons d’habitation. L’une d’elles avait même été plantée au sommet de la stèle gallo-romaine de la Peyrouse, stèle désormais à l’abri à Notre-Dame des Champs. Une dernière est plus ou moins perdue dans les broussailles sur la route des Anglas.
Les plus belles sont peut-être les plus discrètes. La croix penchée de la Colombière avec son décor d’anges aux pieds de la Vierge Marie, elle-même entourée d’un halo de sept roses, et celle de la Peyrouse, avec au centre, une représentation de la Vierge entourée d’étoiles. Ces deux croix font partie des croix de fonte de la seconde moitié du XIXème. Leur technique de fabrication a permis de réaliser des œuvres très décoratives. De même, la croix très ouvragée qui se trouve au-dessus du portail de l’ancienne école des Sœurs.
Dans son décor végétal, on pourrait encore citer la croix de l’ancienne Placette, de facture récente mais sur un socle de pierre ancien. Ses branches sont entrelacées d’épis de blé, de sarments de vigne et de grappes de raisin. Egalement, la croix du Colombier datant de l’après-guerre et qui est dans un tel état de délabrement que le Christ ressemble à un écorché.
Très impressionnante est la croix de la place de l’Église, par sa haute taille. Au pied, est blottie une Pietà. Il s’agit sans doute d’une croix de Mission qui date du 19ème siècle. Elle repose sur un socle de maçonnerie si important que l’on y a scellé les plaques de marbre où sont gravés les noms des morts pour la Patrie des trois guerres (14-18, 39-45, et Algérie). C’est le type même de monument civil et religieux des villages qui, peut-être par manque de moyens, n’ont pas édifié de monument particulier pour les morts de la guerre.
Pour finir, comment ne pas mentionner les croix du Cimetière. Elles sont très remarquables par leur taille et leur originalité. Au centre, sur un socle arrondi de maçonnerie a été planté, il y a 100 ans ou plus, un arbre noueux et élancé, au sommet duquel est un Christ en croix. Ce monument a toujours été là mais qu’adviendrait-il si un jour cet arbre venait à tomber ? Sérieux sujet de réflexion pour l’Association de Défense du Patrimoine de Mostuéjouls car on ne peut nier qu’il fait vraiment partie du patrimoine.
Le dernier monument orne et domine la porte d’entrée du Cimetière. Il est formé de trois croix et représente le Golgotha avec, au centre, le Christ entouré de chaque côté du bon et du mauvais larron. C’est un monument en pierre, rustique, original, qui par sa sobriété, ses proportions, sa force d’évocation et sa situation au-dessus de la porte du Cimetière, en fait sans doute un des très beaux monuments religieux de la Vallée. L’épisode du bon et du mauvais larron ne tient pas beaucoup de place dans les Évangiles, sauf dans Saint-Luc. Ce que nous ne saurons jamais, c’est la place de chacun d’eux sur le Calvaire. Lequel était à la droite du Christ ? Lequel était à sa gauche ? Le monument du Cimetière n’apporte pas de réponse car les croix des deux larrons sont identiques, comme s’ils étaient eux-mêmes semblables, ni totalement bons, ni complètement mauvais. En somme, un peu comme chacun de nous. A l’entrée du Cimetière, c’est un signe rassurant qui laisse espérer une place pour tout le monde au Paradis…
Telles sont dans leur diversité les croix de Mostuéjouls. Chacune occupe sa place. Elles font partie de nos racines, de notre culture et de notre décor. Depuis toujours, immobiles et muettes, elles assistent et participent à leur façon, à la vie du village. Générations après générations, elles nous voient passer sans rien dire. Mais nous, les voyons-nous encore ?
Selon M. Jean Delmas, Président honoraire des Archives départementales de l’Aveyron, les Croix en fer forgé ne sauraient être attribuées aux Templiers. Elles ont plus sûrement quelque chose à voir avec les armoiries de Mostuéjouls dont les branches sont ornées à leur extrémité de fleurs de lys.
Le 1er Novembre 2016
On ne devrait jamais se hâter de clore un chapitre sur le Patrimoine. A peine fini le relevé des croix de Mostuéjouls – et 15 croix, c’était déjà un joli score – que l’on en découvrait de nouvelles.
Une première, au-dessus du château, au départ de la route en lacets qui monte sur le Causse de la Bessede. C’est une croix haute, très fine, en pierre sur un socle étroit, élégant et également en pierre (photo Jean-Paul Garlenq).
Une seconde est issue des archives de M. Jean Delmas. C’est une petite croix en fer, au sommet d’une dalle taillée, rectangulaire et verticale. Cette dalle est enchâssée dans un mur de clôture. Elle semble reposer sur une pierre taillée qui a probablement été surajoutée à la construction du mur. De même une pierre qui se trouve au-dessous où sont gravées la date de 1739, ainsi que deux initiales B.R. dont la signification nous échappe.
Enfin pourquoi ne pas signaler la croix en pierre, située au pignon Ouest de N.D des Champs, au sommet du toit de lauzes. La croix surplombe la façade et la porte d’entrée de la chapelle. Elle est identique à celles qui ornent la porte du Cimetière (photo Bernard Durand).
Il resterait à faire l’inventaire de toutes les croix de la Commune. L’ADPCM (Association de Défense du Patrimoine de Mostuéjouls) pourrait s’emparer de ce beau projet souhaité et initié par M. Jean Delmas, Président honoraire des Archives de l’Aveyron.




















Les Croix du MASSEGROS
Après les croix de Mostuéjouls, certains s’étonneront peut-être de trouver dans ce blog un diaporama des croix du Massegros et de ses alentours. En voici les raisons. Comme je l’ai écrit dans la Généalogie des Baldous, il était d’usage, jadis, que les hommes de la Vallée prennent pour épouse une femme du Causse. Au point que l’on aurait pu dire des habitants de Mostuéjouls, « Aveyronnais par les hommes, Lozériens par les femmes ». Je pourrais en donner maints exemples. C’était aussi le cas dans la famille Baldous. Alexis (le premier à porter ce prénom) avait épousé Marie-Jeanne Carriere, native de Comblasais, d’une ferme entre le Massegros et Saint-Rome-de-Dolan. Anatole Baldous, mon grand-père, avait épousé Palmyre Privat, née au Tensonnieu et qui était d’une famille largement implantée au Massegros. Il en existe aujourd’hui encore beaucoup de membres, les familles Aubert, Durand, Magenthies-Cosyn-Force. Merci à Bernard et à Monique Aubert pour leur contribution à ce travail de Mémoire.



















